La limite des contenus gratuits



Il y a sur internet aujourd’hui plus que jamais plein de contenus gratuits. De la part de coachs, coachs sportifs, executive coachs, consultants, artistes, journalistes indépendants etc… Ces contenus prennent la forme d’articles, de vidéos, de podcast. Et le phénomène semble s'être accéléré avec la crise sanitaire et les périodes de confinement. 

Leur objectif, avec ces contenus gracieux est de se faire connaître. Mais en les multipliant, il y a comme un effet boomerang, et les éventuels clients, mal habitués, n’ont plus vraiment envie de payer et se félicitent d’être astucieux et de trouver toujours plus contenus de bonne qualité  et gratuits. 

La presse –qui n’est pas toujours en bonne posture économique – souffre depuis plus de 15 ans de la situation, les artistes et la musique aussi. Des solutions timides voient le jour (a) pour rémunérer les droits d’auteurs.

Ainsi, pendant le confinement, j’ai pu dénicher des cours de pilates, de danse ou de yoga gratuits. J’ai pu suivre des cours de ukulele, des pièces de théâtre de la Comédie Française ou des opéras. Tous gratuits. 

Mais qui paye ? Comment se rémunèrent les artistes ? De quoi vivent les coachs sportifs ou coachs de vie, journalistes indépendants etc.. qui produisent autant de contenus gratuits ?

A-t-on bien conscience qu’ils fournissent (pour certains) des contenus de qualité, pour lesquels ils ont étudié, travaillé pour partager avec nous leur expertise ?

Oui, il faut savoir donner pour reçevoir  - peut-être un jour - ; 

Oui, il faut savoir être généreux et bénévole auprès de certains publics, 

Oui, tout le monde ne peut pas s’offrir les services d’un expert en yoga, d’une star du coaching, ou acheter un journal quotidiennement.

Oui, je sais que ce sujet à été maintes fois soulevé, notament pour la rémunéraion des musiciens, chanteurs, interprètes, pour la presse depuis l'arrivée d'internet , pour le cinéma ( à quoi bon payer  si je peux trouver du contenu gratuit? )

Mais je crois que de part et d’autre il faut une prise de conscience.

D’une part, prendre le risque, et avoir suffisamment confiance en son expertise pour proposer des contenus payants –même à un tarif très raisonnable -. Mais cela ne pourra se faire qu’au prix d’une véritable « révolution culturelle » des droits d’auteurs.  

Un outil que pratiquent certains coachs américains me paraît intéressant : le « sliding scale fee ». Vous payez ce que vous pouvez. Par exemple un centre de méditation de Californie (b) propose des séances de méditation de 2h : "Sliding Scale: $0–$108 ($15-$30 suggested)". Les personnes en difficulté peuvent y assister (mais rare sont ceux qui ne payent rien)Les professeurs sont rémunérés et le centre arrive à vivre. 

 

D’autre part, en tant que « consommateur », c’est prendre conscience de ce que l’on reçoit et qui nous est offert sur la toile. Est-ce qu’un salarié d’une grande ou petite entreprise travaille gratuitement ? Alors pourquoi ne pas accepter de payer,–et pourquoi pas à sa mesure - pour des prestation de qualité ?

C'est dans le contexte actuel il me semble plus important que jamais. Par solidarité aussi, car pour les indépendants, les artistes, la période est parfois extrêmement difficile, et la reconnaissance de leur travail fondamentale.

Il ne s'agit pas d'éliminer toute gratuité - et je serais mal placée pour le suggérer avec les articles -gratuits- de ce blog- , mais de trouver un juste dosage de la part des créateurs et consommateurs de contenu. 

Sinon, les seuls gagnants de cette histoire seront toujours les GAFA et leurs amis. Et les GAFA ne peuvent pas nourrir tout le monde.

 

 

(a) https://www.france24.com/fr/20201001-un-milliard-de-dollars-investi-par-google-dans-des-partenariats-avec-des-éditeurs-de-presse

(b) https://www.spiritrock.org/homepage

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