L'intelligence du sommeil


Aujourd’hui, je voudrais vous partager une lecture qui m’a fascinée et qui ne vous veut que du bien : Why we sleep de Matthew Walker (traduit en français *). C’est un livre passionnant que je recommande sans retenue. Je l’ai d’ailleurs offert à mes enfants, et si vous le lisez, vous comprendrez pourquoi. 
Il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation scientifique sur les dernières études et recherches menées sur le sommeil. Son auteur, Matthew Walker est professeur de neurosciences et de psychologie. Il enseigne et a enseigné à Berkeley et Harvard et dirige le laboratoire Sommeil et  Neuro-Imagerie à l’Université de Berkeley. 
Il explique comment il est tombé « amoureux du sommeil », pas seulement le sien, mais le sommeil en général, amoureux de ce qu’est et procure le sommeil.
Il évoque le sommeil du point de vue de l’évolution de l’homme, le sommeil chez les animaux, le sommeil à travers les âges de la vie, comment nos rythmes circadiens diffèrent selon l’âge et les individus. Il explique les 2 principaux types de sommeil (REM et NREM).
Et surtout, il évoque le sommeil tant négligé dans nos sociétés contemporaines. Il tire un sévère signal d’alarme : nous sommes la seule espèce à se priver délibérément de sommeil ! 2/3 des adultes des pays développés dorment moins de 8 heures par nuit. Et chez les adolescents et les enfants, la situation est aussi préoccupante. 
Or, le sommeil est un des premiers besoin de l’homme, et pour  les adultes, le besoin est d’au moins 7 à 9 heures selon le scientifique ("non- négociable" pour lui). Il a mené de nombreuses études -notamment auprès d'étudiants et de sportifs-  et cite des études de confrères.
Chacun des 2 types de sommeil est important. 
Pendant le REM sleep (rapid eye movement ou sommeil actif) le cerveau est actif mais le corps au repos. Ce sommeil favorise la créativité et la mémorisation. Les rêves agissent comme une «overnight therapy » (thérapie nocturne), les émotions de la journée refont surface, permettant ainsi de laisser la place à de nouvelles émotions.  Il permet d’être préparé à la résolution des problèmes que nous allons avoir à affronter le lendemain. Ne dit-on pas que la nuit porte conseil ?
Le NREM sleep (non rapid eye movement ou sommeil lent) favorise la « digestion des informations», et permet entre autres, de faire le tri pour libérer de l’espace pour de nouveaux apprentissages ou expériences.. 
Matthew Walker parle ainsi d’un « nightime power cleanse » (pouvoir de nettoyage nocturne) et de l’intelligence du sommeil.
Si nous manquons de sommeil ou d’un de ces types de sommeil, les conséquences peuvent être fâcheuses : baisse de nos défenses immunitaires, augmentation du risque de cancer, risque accru d’Alzeimer, maladies cardio vasculaires, dépression, anxiété, diabète,  prise de poids, augmentation du risques des accidents, hypersensibilité, trouble de l’humeur, sociabilité, efficacité et productivité au travail. La liste est longue !
Selon MW, le coût du manque de sommeil des américains serait de 411milliards de dollars aux Etats-Unis. 
En dehors des arrêts maladies et des accidents, c’est la créativité –qui apporte l’innovation-, l’intelligence, la motivation, l’effort, la performance, la stabilité émotionnelle pour travailler en équipe, la résistance au changement qui sont atteints si nous manquons de sommeil. Et les personnes fatiguées provoquent des réactions en chaine en démotivant celles avec lesquelles elles travaillent.
Or le sommeil est un sujet qui intéresse peu les pouvoirs publics, les managers, les écoles. 
En 2016, Arianna Huffington avait écrit un livre sur le sujet qui était innovant de la part d’une femme d’affaires, dans une société où on valorise les managers qui dorment peu, où il y a comme une forme d’arrogance à dire qu’on a besoin de peu de sommeil. 
A la suite de « The sleep révolution »,  elle a lancé le site Thrive Global, un site participatif sur le bien-être où une place conséquente est donnée au sommeil dans les articles. 
Alors quelles solutions propose MW  ?
Une réflexion et des actions doivent être menées à tous les niveaux : des individus, des intervenants dans le domaine de l’éducation et de la santé, des organisations, des politiques publiques et de la société en général.
Concernant les individus, il conseille en premier lieu d’avoir des horaires de sommeil réguliers, d'éviter les somnifères (qui n’apportent pas un sommeil bénéfique) et d’éloigner LED et écrans à l’approche du coucher.  Je ne vous livrerai pas ici ses 12 conseils, et vous invite plutôt à lire cet ouvrage.
Ses conseils ne sont pas ceux d’un médecin mais d’un scientifique. Dans Thrive Global, on trouve des articles (en anglais) de divers contributeurs sur le sommeil (chez les enfants, les sportifs, des conseils pour un meilleur sommeil etc.)
Mais quel rapport avec le coaching ?
On cite régulièrement les besoins de l’individu en coaching, notamment à travers la pyramide des besoins de Maslow. Et un coach se préoccupe peu des besoins primaires de la pyramide : il demande rarement à son client s’il mange bien, s’il a un toît, s’il se soigne, et s’il dort suffisamment. Je crois que si le rôle du coach n’est pas de conseiller son client à dormir davantage en lui donnant ses « trucs » pour mieux dormir, il doit avoir conscience dans son accompagnement des besoins même primaires de son client.


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Alors, comme je ne suis pas en séance de coaching, je peux donner mon petit conseil : la prochaine fois que vous voudrez regarder un troisième (quatrième ?!!) épisode de votre série préférée sur Netflix, pensez à prendre soin de votre créativité et de votre santé, et patientez un jour ou deux avant le prochain épisode pour rejoindre les bras de Morphée (ou écouter le marchand de sable). 

Why we sleep de Matthew Walker Phd, Penguin Books 2018
Pourquoi nous dormons de Matthew Walker Ed La découverte 2018

La révolution du sommeil de Arianna Huffington Ed Fayard 2017



Le site Thrive Global (en anglais):
https://thriveglobal.com/stories/how-to-get-more-enough-sleep-work-long-hours/

sur le sommeil et l'anxiété (en anglais) :
sur le sommeil et la solitude  (en anglais):
https://greatergood.berkeley.edu/article/item/could_lack_of_sleep_make_you_lonelier

(Photo: Musée Matisse Nice)

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