C’était mieux avant…vraiment ?


C’était mieux avant…vraiment ? 

Voilà une expression que je me refuse à avoir. Et que je trouve bien inutile. Parce que j’ai des enfants,  et je ne les ai pas mis au monde pour être pessimiste, parce que (et on reste encore dans la famille), mon papa l’évoque très souvent : notre pays (oui, je sais que c’est restreindre la réflexion à la France) n’a jamais dans l’histoire connu une aussi longue période de paix. Mes arrières grands-parents, mes grands-parents et mes parents ont connu des guerres. La guerre faisait partie de leur vie. Je suis la première génération dans notre « petite » Europe longtemps ensanglantée à n’avoir pas eu un conjoint ou un frère qui soit parti se battre. Et je souhaite de tout mon cœur que mes enfants connaissent cette même paix. Un rappel de l'Histoire de temps en temps peut s'avérer utile.

Il ne s’agit pas de nier les attentats terroristes qui sont une forme de guerre. Il ne s’agit pas de nier la pollution dont souffre la planète, ni les conflits mondiaux, ni l’extrême pauvreté dans nos rues comme à l’autre bout du monde, ni les inégalités révoltantes. Il ne s’agit pas non plus d’être d’humeur constante. Alors oui, j’aurais aimé connaître certaines régions de notre beau pays avant leur enlaidissement par un urbanisme inhumain. Oui, il me vient parfois à regretter le temps où l’on ne passait pas des soirées enfermés chacun devant son écran, où l’on communiquait vraiment, où l’on prenait le temps de cuisiner, où les instituteurs étaient respectés, où l’on savait que l’on allait trouver un travail dans son domaine d’activité… 

Il ne s’agit pas ici de faire l’inventaire des plus et des moins de chaque époque, mais je crois que chaque génération a ses challenges, et les nôtres, ceux de nos enfants sont nombreux. Alors je militerai volontiers pour ce que Michel Serres appelait un « optimisme de combat» (1).  Pas un optimisme naïf, un optimisme vigilant, pour le bien des générations futures. Choisir son ou ses combat(s), petits ou grands,  et la façon dont les aborder à sa mesure, par petits pas, sans jugements préconçus et  avec bienveillance et pourquoi pas élégance. Ecologie, inégalités, santé, éducation, adaptation ou vigilance par rapport aux outils technologiques, à l'intelligence artificielle, aux réseaux sociaux, transmettre des savoirs, de l'histoire, apprendre à réflechir par la philosophie ou le débat, agir pour répondre à ses valeurs... les sujets sont innombrables. 

Et comment ? Selon ses valeurs (qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ?) ses moyens et ses disponibilités, sans nécessairement l’afficher sur Facebook ou Instagram, sans nécessairement coller aux tendances à la mode. Par de tout petits gestes comme trier ses déchets, cuisiner des produits non transformés avec des enfants, faire sa propre lessive ou ses cosmétiques bio, éviter le téléphone portable à table pour retrouver de vraies discussions, adhérer à une association pour une cause qui compte pour nous, simplement faire connaissance avec son voisin, s'informer et réfléchir sur les conséquences de sa présence sur les réseaux sociaux, de sa consommation ou juste apprécier une promenade dans la nature... 

Il y a tant de talents et tant d'initiatives qui vont dans le sens de l'optimisme de combat de Michel Serres ou d’un optimisme vigilant. Je n’en citerai que quelques uns qui m’ont marquée ces dernières années. 
Dans le film-documentaire "Demain"  (2), sorti en 2015 Mélanie Laurent et Cyril Dion ont sillonné la planète pour nous faire découvrir de belles initiatives dans l’agriculture, l’énergie, l’économie, la politique et l’éducation.   
Dans le domaine de l’éducation, Frédéric Lenoir à travers le projet de l'association  " Sève" (3), permet de créer des ateliers de philosophie dans les écoles, avec l’ambition de "savoir être et vivre ensemble".
Toujours dans l’éducation, le programme "Eloquentia" (4) (dévoilé dans le documentaire  "A voix Haute" de Stéphane de Freitas, avec entre autres le très engagé Bertrand Perier, puis dans le film d’Yvan Atal "Le Brio")  permet à des étudiants de Seine St Denis d’être accompagnés par des professionnels pour participer à un concours d’éloquence de haut niveau. Pour ses créateurs :"La langue est le socle de notre culture. Elle est le liant fédérateur entre les individus d’une société."

Enfin je citerai une association qui me parle aussi particulièrement : celle du "Mouvement des Colibris"  (5) initiée par Pierre Rabhi pour plus de respect de la nature et de l’humain.
Bien sûr, nous ne sommes pas tous Pierre Rabhi , et il ne s’agit pas nécessairement de révolutionner tous nos comportements d’un coup, ou de créer une association extraordinaire. 
"Just start where you are" : "commencez juste là où vous êtes" : cette expression que j’ai relevé dans le film "Demain" illustre bien mon propos. Nul besoin d’aller chercher très loin.

Alors et vous quel est votre optimisme de combat ? 


(1) Michel Serres évoquait son optimisme de combat lors d’une émission « la Grande librairie »

(2) Demain, le film :

(3) Association  Sève

(4) Eloquentia
http://eloquentia-saintdenis.fr

(5)Le Mouvement des Colibris :
https://www.colibris-lemouvement.org

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